Crise de l’État ukrainien.
Elle était attendue, ce n’est pas une surprise.
Mais elle a été retardée, tant grâce au talent de Zelenski qu’à l’absence de charisme de ses détracteurs. Elle a été sous-jacente mais invisible grâce à la discrétion des oligarques dont les chamailleries ont continué à couvert. Mais cette crise devient évidente à l’heure où le clan de Zelenski et Kolomoïski semble seul engranger les dividendes de la quasi victoire (la non-défaite est un miracle et Zelenski en est l’inspirateur, donc il recueille le respect des partenaires occidentaux et l’affection du peuple). Dès lors que cette quasi-victoire (sans K.O. de l’adversaire mais où ce dernier est empêtré et ridiculisé) ne promet pas la paix et qu’apparaissent des problèmes de pénuries d’essence et de rationnement de vivres, les divisions de la société ukrainienne retrouvent toute leur intensité.
L’appareil policier fait efficacement observer les contraintes et se concentre notamment sur la chasse aux déserteurs ainsi qu’aux trafiquants. Zelenski fait reposer sa popularité sur la lutte contre l’économie de l’ombre, les pots de vins, etc.
De ce côté, il semble impeccable même si son protecteur Kolomoïski (Privatbank) profite, dit-on, du démembrement d’empires industriels rivaux, mais c'est dans les usages...
Ce sont donc les radicaux qui s’attaquent au régime « trop conciliant » : une conférence de presse est donnée ce soir 8 mai en stream par le bataillon « Azov », dont les officiers sont en partie dans l’usine assiégée de Marioupol et d’autres organisent la fortification d’Odessa.
Les commentateurs :
Palamar (Kalina)¹ :
« En ce moment, il y a un bombardement intense de l'usine Azovstal. Rien que pendant la nuit, nous avons compté plus de 25 sorties, dont trois bombardiers stratégiques. L'artillerie, les chars, les mortiers, l'infanterie qui tente de donner l'assaut, les tireurs d'élite, etc. sont en action.
Tous les civils ont-ils été évacués ? Nous ne pouvons pas en être sûrs, car aucune organisation internationale ou organisme gouvernemental, ni de nos politiciens ukrainiens ne sont venus ici, à Azovstal, il n'y a pas d'équipement spécial pour enlever toutes les décombres. »
Ilya Samoïlenko, officier de renseignement d’Azov ² :
« Notre État n'a pas réussi à défendre Marioupol. Nous avons vu que la situation devenait critique, nous avons décidé de rester ici pour défendre Marioupol. Cette décision a été prise parce que personne d'autre ne pouvait le faire. Cette guerre n'a pas commencé le 24 février, on n'arrête pas de le dire. Nos préparatifs ont été sabotés par des fonctionnaires [ukrainiens]. Nous savions qu'une grande guerre avec la Russie allait commencer. Nous nous sommes préparés du mieux que nous pouvions – [on conduisait] une formation professionnelle, [collectait] des munitions. Nous n'avons reçu aucun « Javelin », aucune arme récente, aucun nouveau véhicule. Nous n'avons reçu aucun soutien. Nous sommes restés seuls. Nous avons été laissés seuls pendant les huit dernières années. Personne ne s'attendait à ce que nous tenions aussi longtemps »
Note du traducteur anonyme :
Bon, vous me direz que c’est la démocratie ? Je vous le concède mais je pense que les plaignants, des zozos fondus de l’héraldique nazie, ne vont pas être facile à manœuvrer par la suite. Il ne faut minimiser ce souci, sauf à gommer les réalités comme aime faire BHL (auquel Fabius a parfois emboîté le pas sous d'autres latitudes)
Textes en V.O.
¹ Паламар (Калина): "По состоянию на сейчас ведутся интенсивные обстрелы завода "Азовсталь". Только за ночь мы насчитали более 25 вылетов, в том числе трех стратегических бомбардировщиков. Работает ствольная артиллерия, работают танки, минометы, пехота пробует штурмовать, снайперы и так далее.
Всех ли гражданских эвакуировали? Мы этого твердо сказать не можем, так как ни одна международная организация или структура власти, политики наши украинские – не приехали сюда, на территорию "Азовстали", нет спецтехники, чтобы разобрать все завалы"
² "Нашему государству не удалось защитить Мариуполь. Мы видели, что ситуация становится критической, мы решили остаться тут, чтобы защищать Мариуполь. Это решение было принято, потому что никто не мог это сделать. Эта война началась не 24 февраля, мы это постоянно говорили. Нашу подготовку саботировали официальные представители [Украины]. Мы знали, что большая война с Россией начнется. Мы готовились, как могли - [проводилась] профессиональная подготовка, [собиралась] амуниция. Мы не получили ни одного "Джавелина", никакого нового оружия, нового транспортного средства. Мы не получили никакой поддержки. Мы остались одни. Мы оставались одни на протяжении последних восьми лет. Никто не ожидал, что мы продержимся так долго", - сказал на пресс-конференции офицер управления разведки "Азова" Илья Самойленко.