" /> Nouilles de blé dur. - Côteaux de la Boivre

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Chroniques des Marches

Nouilles de blé dur.

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Grand silence sur l’Iran dans les réseaux russophones. C’est inhabituel : on ne sait rien sans doute, car les médias officiels se taisent, mais aussi les orientalistes, occupés ailleurs (par la Turquie et la Syrie qui sont des vrais sujets pour les Russes). Quelques voix russes compétentes sont aussi interdites de séjour à Téhéran. Aussi El-Murid¹ ne fait-il pas allusion aux « émeutes des nouilles » qui pourtant seraient une excellente illustration de sa démonstration du jour :
¹ El Murid est un chroniqueur russe très populaire sur le web

« L'Inde, l'un des plus grands producteurs mondiaux, a imposé une interdiction des exportations de blé afin de préserver la sécurité alimentaire en raison d'une forte hausse des prix mondiaux. Il est à noter que la décision est déjà entrée en vigueur - une exception est faite uniquement pour les livraisons effectuées dans le cadre de lettres de crédit déjà émises.

Le processus de fermeture des exportations alimentaires au niveau national a commencé. Ce processus ne fera que s'accélérer au fur et à mesure que la situation ira au-delà du gérable.

Le problème revêt exactement la même apparence que la "crise du gaz" qui s'est déjà produite : avec une offre suffisante, les chaînes d'approvisionnement déséquilibrées ont conduit à des crises locales qui se caractérisent par "un endroit rempli, un endroit vide". Le marché est secoué tantôt par des catastrophes objectives, tantôt par des catastrophes liées à des projets, qui prennent d'abord un caractère macro puis global. J'insiste : il n'y a pas de pénurie de gaz dans le monde, mais le marché lui-même est déséquilibré et donc en crise.

Aujourd'hui, la même histoire se déroule sous nos yeux sur le marché alimentaire. Je ne mettrai pas entre parenthèses son caractère partiellement intentionnel (qui pour moi ne fait aucun doute), mais cette crise est suffisamment bien gérée pour projeter non pas la crise elle-même, mais les conditions de son émergence, ce qui en soi la rendra profonde, systémique et durable. C'est exactement la même chose que le gaz : il n'y a pas de pénurie alimentaire. Même le fait qu'il y ait des combats en Ukraine aujourd'hui, qu'environ 40 % de la surface cultivée d'un certain nombre de grandes cultures (principalement le tournesol et le blé) se trouve dans la zone des "opérations spéciales", et que le reste des territoires connaissent des difficultés objectives (pénurie de carburant en premier lieu) - ne crée pas de pénurie alimentaire à l'échelle mondiale.

Cependant, les fermetures d'exportation, qui commencent à être décidées au niveau national, créent les mêmes discontinuités dans les chaînes d'approvisionnement que sur le marché du gaz. La cause est différente (sur le marché du gaz, la crise a été déclenchée par la "pandémie" et les blocages, puis par le déséquilibre du processus de transition énergétique, et maintenant par les sanctions contre la Russie ; sur le marché des denrées alimentaires, la crise est déclenchée par des décisions politiques - la "non-guerre" en Ukraine et les sanctions sévères à la limite du paralysant contre la Russie) ; le résultat est le même : une série d'oscillations qui déstabilisent le marché des denrées alimentaires. Ce marché commence à fluctuer de plus en plus autour d'un point d'équilibre conventionnel, et la même histoire se dessine : quelque part, c'est plein, quelque part, c'est vide.

Résultat : dans les pays producteurs, les denrées alimentaires vont tout simplement "pourrir" en raison du manque de capacité de stockage (ce qui est logique - si vous exportez régulièrement des denrées alimentaires, vous n'avez tout simplement pas besoin de capacité supplémentaire pour stocker les excédents - vous les vendez tout simplement), alors que dans les pays consommateurs, la pénurie de marchandises va commencer. Par exemple, il y a déjà une véritable famine au Liban, une pénurie alimentaire (qui a été déclenchée par l'explosion du port de Beyrouth et la destruction d'un tiers de l'ensemble des réserves de céréales du pays). Une famine monstrueuse sévit aujourd'hui au Yémen - elle a été provoquée par la guerre. Cette situation va maintenant commencer à se propager rapidement dans la macro-région du Moyen-Orient.

La Chine met fin à ses exportations de produits alimentaires. Les producteurs latino-américains sont susceptibles de prendre des mesures similaires sur plusieurs lignes de produits de base. Si quelqu'un pense que la Russie pourra en tirer bénéfices, il se trompe : nous fermons les possibilités d'exportation par les sanctions imposées aux entreprises de transport. Maersk a déjà quitté notre marché sans attendre l'inévitable. En conséquence, la récolte sans précédent que Poutine nous a prophétisée cette année à l'instigation de Patrushev Jr (il a menti, bien sûr, comme d'habitude) va pourrir en grande partie, puisque nous n'avons pas de capacité de stockage excédentaire. »

Note du Traducteur² : le fils du ministre des services secrets est ministre de l’Agriculture.

² Merci au traducteur anonyme. (Note du colporteur)

Crédit photo : (VOA/J. Brooke), Public Domain, via Wikimedia Commons
source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Ukranian_wheat_harvest.jpg