On ne peut pas se flatter de lire beaucoup, dans la presse française, ce que les opposants russes ont à dire... Tenter de leur donner la parole en ligne.
Aujourd'hui, un sujet « hors sujet », car c'est à propos d'un pays dont j'entends ne pas parler. Ne sachant pas « tout sur tout », tant s'en faut, on remercie les sinologues de nous éclairer.
Voici un billet de El-Murid, le retraité enragé qui disait ces temps-ci demeurer encore à Saint-Pétersbourg et attendre de pied ferme qu'on ose venir le chatouiller. C'est osé, car même des gens lus comme lui par 70 mille personnes finissent en taule un jour ou l'autre. El-Murid est prophète de malheur, est-ce qui le sauve ?
Exergue du traducteur anonyme.
« L'ambassadeur de Chine en France a déclaré que la Chine reprendra Taïwan par tous les moyens, y compris militaires.
Apparemment, les luttes intestines au sein de l'élite chinoise ont atteint leur paroxysme. La volonté de Xi Jinping de rompre la règle établie qui consiste à rester en poste pendant deux mandats de cinq ans n'est sûrement pas accueillie favorablement au sein de la direction chinoise. Il doit aussi y avoir des partisans de la ligne dure.
L'âpreté de la lutte en cours peut être déduite indirectement de la frénésie de quarantaine qui a cours jusqu'à présent, dans les mégapoles les plus déloyales au camarade Xi. L'objectif de cette terreur est d'empêcher les opposants de Xi Jinping de faire descendre leurs partisans dans la rue en vue de la préparation ou de la tenue d'un congrès du parti dès cet automne.
La terreur s'enracine dans la peur panique physique. Mais il y a aussi un revers à la médaille, lorsque les gens arrivent à la conclusion qu'ils n'ont plus rien à perdre. Ainsi, le groupe de Xi Jinping, en faillite comme il se doit, envisage très sérieusement de faire passer la crise à une phase encore plus dure. Qu'est-ce qui pourrait être plus dur que la terreur interne ? Seulement l'agression externe. D'où la solution sous forme d'une attaque contre Taïwan, même au risque d'une escalade et de la transformation de la guerre en un conflit international. Les faillis n'ont rien à perdre non plus.
Pourquoi faillite ? Parce que le modèle de développement de la Chine est dans une impasse. La décision d'accélérer la construction du marché intérieur chinois en réponse à la crise de 2008 et à l'effondrement du modèle d'exportation était rationnelle, mais les conditions dans lesquelles la transition vers un nouveau modèle devait être mise en œuvre étaient extrêmement défavorables - les dirigeants chinois ne disposaient pas du coussin de super revenus accumulés que le Kremlin avait, ainsi, la construction du marché intérieur s'est donc faite "à crédit", en injectant des prêts dans l'économie. Cela a fait de la Chine le deuxième pays le plus endetté au monde en termes de dette cumulée, qui dépasse désormais 50 000 milliards de dollars (dette publique, dette des entreprises et dette des ménages). Le taux de référence de la Banque populaire de Chine a oscillé autour de 6 % au début des années 1990 pour atteindre 4-5 % aujourd'hui. Cela signifie que le taux de croissance de l'économie chinoise ne peut être inférieur à 7-8%, sinon la dette accumulée devient toxique.
Et c'est bien ce qui s'est passé. Le taux de croissance de l'économie chinoise a augmenté rapidement après 2008, mais depuis 2015, il est tombé à 7 % et au-dessous. Une crise de la dette s'est installée. "La pandémie" a sapé définitivement la position de la Chine, et la forte croissance du PIB en 2021 n'a fait que rejouer la chute catastrophique de 2020, et aujourd'hui, elle ne dépasse pas les cinq pour cent.
C'est la faillite du modèle de développement, et donc une menace pour le pouvoir du groupe Xi Jinping. D'où le risque d'une solution militaire, dont l'objectif est de permettre au groupe de conserver le pouvoir, de vaincre ses adversaires politiques et de redistribuer massivement les biens afin de restructurer le modèle en faillite. Ce qui en soi est inutile, puisque le modèle est déjà fondamentalement irréparable. Les erreurs et contradictions accumulées sont insolubles, et les réformes structurelles ne peuvent que prolonger la vie du modèle, mais pas lui insuffler la vie.
Néanmoins, Xi Jinping n'a tout simplement pas le choix. Il est dans une impasse. D'où des décisions très proches de celles prises en Russie, où la clique au pouvoir a fait face à sa propre faillite exactement de la même manière : terreur interne et agression externe comme moyen de se débarrasser de l'entropie sociale accumulée et en croissance rapide.
Personne ne peut dire si une attaque sur Taïwan aura lieu. Cependant, toutes les conditions sont réunies pour le faire. Le climax peut arriver à tout moment. »
Publié le 26 juin 2022
Fin de citation
Note du colporteur : Merci au traducteur anonyme.