" /> Rien de nouveau sur le front Ukrainien... - Côteaux de la Boivre

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Chroniques des Marches

Rien de nouveau sur le front Ukrainien...

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Les personnes sur les têtes de qui tombent des bombes et des missiles m’en veulent, à juste titre, d'écrire et parler moins de l'Ukraine. Ma justification se résume au fait que je ne suis ni journaliste pour informer, ni prêtre pour consoler. Je suis un théoricien, je modélise différents scénarios pour la situation, mais si la situation ne se développe pas, je n'ai rien à écrire. C'est exactement la réalité : beaucoup de sang versé, de nombreuses victimes, des tragédies à profusion, mais aucun événement.
Boris Pastoukhov, depuis Londres.

Le calme est en soi une chose harassante : moins il y a de mouvement réel, plus il y a de mouvement émotionnel. L'humeur des masses des deux côtés de la confrontation change rapidement. Du choc à la rage, de la rage à l'hystérie. Cette hystérie est encore cachée, mais elle affecte déjà sérieusement la situation, et l'affectera encore plus. De cette manière, l'impasse s'accentue, même lorsque rien ne se passe autour de vous. L'eau stagnante est dangereuse, elle engendre des germes, aussi les deux parties, tenteront-elles continuellement, de renouveler le moindre mouvement, mais la question de savoir si elles y parviendront reste entière.

Ce que nous avons en ce moment, objectivement :

  1. La Russie a loupé le propos initial de son opération spéciale - infliger une défaite militaire instantanée et relativement peu sanglante à l'Ukraine puis établir un protectorat sur l'ensemble de son territoire par l'intermédiaire d'un gouvernement fantoche soutenu à Kiev. Elle s'est au contraire enfoncée dans une guerre régionale visqueuse qui se développe sur le modèle afghan.

  2. Le Kremlin n'a pas été découragé par le fait que le plan initial n'a pas fonctionné et a rapidement réajusté, se préparant à une campagne militaire prolongée dans le sud-est de l'Ukraine et à un blocus économique prolongé par l'Occident. Le nouvel objectif intermédiaire de la guerre semble être, pour le Kremlin, de revenir au projet de "Novorossiya" dans sa forme originale : créer une entité étatique fantoche à partir de parties des terres ukrainiennes occupées, soit totalement intégrée à la Russie, soit formellement indépendante, comme l'actuelle Abkhazie, par exemple. Quoi qu'il en soit, il est clair que la Russie, malgré toutes les sanctions qu'elle a imposées, dispose d'une ressource autonome pour mener une guerre de plusieurs années et c'est une réalité dont il faut tenir compte.

  3. Dans ces nouvelles circonstances, l'Ukraine doit développer un nouveau consensus politique et public sur la nécessité de mener une guerre pluriannuelle, totale et ininterrompue avec la Russie. Ce consensus ne sera pas aussi simple que le "consensus de résistance" initial qui a émergé dans les premiers jours et semaines après l'invasion. Des processus similaires se dérouleront en Europe, où le consensus sur la fourniture à l'Ukraine de l'aide nécessaire et urgente pour empêcher sa défaite militaire et son occupation complète par la Russie devrait se transformer en un consensus sur le financement, avec des fonds provenant de l'Occident pris dans son ensemble, d’une guerre de position pluriannuelle de l'Ukraine contre des forces ennemies supérieures, dans laquelle il est réaliste de considérer un délai de trois ans comme la période minimale. On peut supposer que deux coalitions nettement "pour" et "contre" un tel soutien à long terme émergeront en Europe, l’une sous la direction des États-Unis et du Royaume-Uni d'une part, de l'Allemagne, de la France et de l'Italie d'autre part.

  4. La pression extérieure exercée sur l'Ukraine pour qu'elle fasse des concessions territoriales à la Russie au nom d'une trêve temporaire va augmenter. La capacité des dirigeants ukrainiens à résister à cette pression va s'affaiblir. Zelensky devra de plus en plus penser à la nécessité de manœuvres politiques profondes et extrêmement dangereuses, au cours desquelles il devra expliquer à la nation le véritable équilibre des forces et les perspectives de survie de l'État dans différents scénarios de la situation. Cela nécessitera probablement la formation d'un concept politique plus sophistiqué que la « Doctrine Arestovitch » (le conseiller défense de Zelenski, faucon très offensif, NdT) et d'une coalition politique plus large que la coalition actuelle.

Note du colporteur : Merci au traducteur anonyme.